J'ai fait ce matin juste avant de me réveiller un rêve lucide m'apportant quelques éléments de réflexion dans le cadre de cette question.
Je marchais dans Lyon à partir de mon arrêt de bus habituel mais je ne reconnaissais pas les immeubles. Je croyais m'être trompé de direction, mais en regardant les plaques de l'avenue où j'étais j'ai constaté que le nom m'était complètement inconnu (même s'il sonnait très vrai

). J'ai alors pris immédiatement une lucidité "idéal", où j'étais parfaitement lucide mais le rêve demeurait entièrement stable.
Comme un passage secret spécial rêveur lucide, est alors apparu sur cette avenue fin XIXème un petit embranchement sur la droite dans une ruelle du Moyen-Âge drôlement éclairé, un genre de passage à la Alice au Pays des Merveilles

Je comptais continuer ma route mais je me suis dit que c'était plus original d'y aller, d'autant que quelque chose m'y attirait.
La ruelle étroite et pavée sur quelques mètres s'est couverte et des escaliers sont apparus, en bois, pour ressembler à l'entrée d'une taverne. J'allais lentement, pour assurer le maximum de stabilité. La taverne était vraiment dans l'esprit Moyen-Âge, tout en bois brut et en pierre taillée, mais les gens étaient modernes dedans.
Je suis allé m'attabler au comptoir. Le patron nettoyait des verres, les cheveux grisonnants et l'air bourru. J'ai engagé la conversation mais il n'était pas très locace jusqu'à ce qu'un autre type arrive et commence à lui parler. Ils parlaient de rêves lucides mais je ne me souviens plus de quoi il s'agissait.
Voyant que je perdais un peu mon temps, je me suis levé pour aller trouver quelqu'un d'autre. Ils m'ont suivi sur quelques mètres en me parlant et j'ai alors eu une drôle d'impression : un déjà-vu en rêve lucide ! Je crois que c'est la première fois que ça m'arrive, j'avais la nette sensation d'avoir déjà vécu cet instant il y a longtemps, mais je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus.
J'ai alors discuté avec une jeune fille blonde qui se trouvait dans l'escalier en bois pour sortir, assez pentu. Elle était beaucoup plus locace. Je lui ai posé quelques questions.
K : "Qui es-tu ?"
D : "Je m'appelle Dominique"
K : "Non je veux dire, qui es-tu par rapport à moi ? Fais-tu partie de ma psyché ? Es-tu un personnage onirique ?"
D : "Oui"
K : "As-tu une existence propre ?"
D : "Bien entendu" (avec un sourire - arrive sur cet entrefait une fille que je connaissais il y a deux ans et qui se joint à la conversation mais je ne rapporte pas ses paroles car je ne m'en souviens plus exactement - en gros elle confirme ce que dit l'autre ou rigole de ma naïveté)
K (surpris) : "Mais seulement dans le cadre du rêve tu veux dire ? Après tu disparais ?"
D (rigolant) : "Non pas du tout. Ma réalité psychologique est indépendante de toi même si je ne suis qu'une personnage."
Malheureusement un chien a aboyé dehors et ça m'a réveillé.
Ce qui est intéressant je trouve c'est que j'étais persuadé à plusieurs reprises d'avoir les réponses auxquelles je m'attendais, je n'envisageais pas d'en avoir d'autre. J'ai été surpris par la discussion qui était très sensée et indépendante de mon contrôle ou de mes désirs, les personnages avaient bien une forme de psychologie donc, car il y avait un réel échange aussi réel que si j'avais été éveillé, c'est-à-dire sans influence de ma part sur les réponses. Il est possible que les personnages oniriques soient la "condensation" de certains de nos aspects psychologiques à l'état de veille, donc qu'on se parle à nous-même, certes, mais à un "autre" nous-même, qui n'est pas nous.