Origines égyptiennes du christianisme et de l’Islâm – résultat d’un siècle et demi d’archéologie, Ed. Letouzey & Ané, Paris, 1989, (ISBN : 2-7063-0175-9)
Afin de ne pas choquer d’éventuels orthodoxes, je crois utile de préciser ma position personnelle…
Je pense la foi tout à fait conciliable avec la raison, pourquoi serait-elle son ennemie ? Je pense aussi que toutes nos facultés doivent se développer, nous avons deux bras et deux hémisphères cérébraux : pas d’hémiplégie dans ma philosophie… Etant surtout en quête de vérité(s), c’est la raison pour laquelle l’archéologie m’intéresse beaucoup également. Non pas que la foi en ait besoin, mais qu’il fut bon de ne pas s’enferrer dans des dogmes qui ne reposeraient sur… aucune vérité historique et archéologique, par exemple…
Ce livre est atypique, y compris sur tel sujet souvent rebattu, car il ne repose pas sur des spéculations purement théoriques, des présupposés religieux qui ne se référeraient qu’à la valeur des « textes saints ou sacrés », considérés en eux-mêmes. Il résulte de découvertes archéologiques, et c’est à partir de celles-ci que l’auteur émet des hypothèses de travail en procédant par recoupements divers. Ensuite, c’est bien entendu à l’histoire de juger, s’il s’est rapproché ou éloigné de la vérité des faits, dans la mesure où des indices concluants permettent d’établir de tels recoupements.
L’auteur commence d’entrée de jeu à nous mettre dans l’ambiance… Il affirme que Jésus/Îsâ, l’Annonciateur, le Sauveur, était déjà un attribut d’Osiris, au début du IIIème millénaire avant notre ère…
Alors la question devient inévitable : L’auteur a-t-il raison de faire de tels anachronismes, de tels rapprochements avec des sauts dans le temps ?
Je vous livre les indices découverts par l’archéologie égyptienne :
Il constate que :
- l’esprit symbolisé par la colombe est également symbolisé par un oiseau dans la culture égyptienne (oiseau à tête humaine, etc.)
- la circoncision est une coutume égyptienne que les hébreux ont adopté (Source : Hérodote et Flavius Josèphe).
- Le baptême existe en Egypte dès la haute Antiquité. Les baptêmes sont représentés sur les temples égyptiens : «régénérant et ouvrant une nouvelle vie ».
- Nous pouvons voir une peinture dans le cimetière de Calliste à Rome, datant de la fin du IIème siècle représentant l’enfant Jésus, debout, dans un cours d’eau, tout nu, de face. Cet enfant reçoit le baptême par un prêtre égyptien, habillé d’un pagne, torse nu, crâne et visage rasés. Une autre représentation a été faite sur un sarcophage, visible au Musée des Thermes à Rome : l’enfant Jésus a, cette fois, des cheveux bouclés « à la romaine » ; il reçoit le baptême en étant immergé jusqu’aux genoux. Et c’est un homme évoquant Sérapis (barbe touffue, moustaches épaisses) qui lui donne le baptême. L’auteur signale que cette représentation du baptiste évoquant Sérapis, se répétera de siècles en siècles.
- Tout en étant charpentier, Jésus pratiquait la médecine et ne s’en cachait pas. L’auteur évoque certains passages bibliques : « A coup sûr, vous allez me citer ce dicton : Médecin, guéris-toi, toi-même » (Luc 4, 23) et les relient avec des sources apocryphes notamment « L’Evangile arabe de l’enfance » qu’on peut trouver dans l’ouvrage de François AMIOT, La Bible apocryphe – les Evangiles apocryphes, Cerf, Paris, 1952, 1975, p. 106-107. Or il affirme que Jésus, selon diverses traditions, avait étudié la médecine auprès des prêtres égyptiens, y compris pour apprendre à faire des exorcismes. L’auteur constate aussi qu’en Egypte, comme dans les textes gnostiques, on parle de « puissance » pour donner la guérison par le « ka/heka. Les Evangiles n’utilisent justement pas le terme grec « thauma » (miracles) mais bien celui de « dynamis » (puissance) pour les guérisons opérées par Jésus. L’auteur fait cette citation (lorsqu’une femme s’approche par derrière et touche la frange de son manteau) : « Quelqu’un m’a touché, car j’ai senti qu’une force était sortie de moi » (Marc 5/30, Luc 8/46)
- La plus ancienne tradition rapportait que Jésus était laid et chauve, tel un prêtre d’Isis (il se réfère à Justin, à Tertullien et à Clément d’Alexandrie : voir ses notes page 68)
- L’art paléochrétien des premiers siècles représente Jésus habillé du pagne égyptien, torse nu, tête rasée.
- A partir du IVème s. l’Eglise de Rome s’oppose aux traditions des Eglises orientales et devient l’Eglise officielle de l’Empire romain : le Canon se forme avec tout un tas d’additions judéo-chrétiennes... On décide de changer les traits de Jésus, et d’en faire « le plus beau des enfants des hommes ». On décrète qu’il est beau de visage, avec le teint de couleur froment, et les cheveux un peu crépus (sources : nombreuses, notes page 69). Dans l’art chrétien, Jésus perd graduellement son aspect égyptien. On décide de lui donner une barbe du fait que les anciens patriarches juifs tels que Abraham, Moïse, la portaient. On allonge aussi son pagne égyptien, voire on lui fait porter une tunique qui lui couvre l’épaule gauche (l’auteur ne cesse de donner ses diverses sources). Puis dans les siècles suivants, ce sera un long vêtement qui tombe jusqu’à ses pieds, aspect qu’il conservera jusqu’à l’époque moderne.
- L’historien juif Flavius Josèphe rapporte qu’à Jérusalem, un prophète égyptien exerçait sous le règne de Néron. Les fouilles archéologiques ont d’ailleurs mis à jour un temple consacré à Osiris/Sérapis dans la ville de Jérusalem (p. 83)
- Le culte d’Osiris et Isis s’est implanté à Samarie dès le IXème s. av. J.-C. La Palestine dépendait de l’Egypte avant de passer à la suprématie assyrienne.
- Les étoiles à 6 branches sont très anciennes, on les retrouve en Mésopotamie dès le IIIème millénaire avant J.-C. L’étoile à 6 ou 8 branches représentait le symbole de la déesse Ishtar, en Babylonie, en Assyrie, en Syrie, en Canaan et en Transjordanie. L’étoile à 5 branches constitue un signe des hiéroglyphes : « seba » = « enseigner ».
- Le Temple de Jérusalem servait plusieurs cultes dont celui de « El » : « El le Très-Haut ». Il ne s’agissait certainement pas d’un culte adressé à Yahvé car la Thora interdisait les images d’être animé… Or, ce culte comportait la représentation de deux oiseaux ainsi que le mot araméen « qorban » : « sacrifice ». Il s’agissait d’un culte adressé à Osiris, source de vie.
- Le serpent et les épis de blé étaient des symboles associés au culte d’Isis et d’Osiris (découvertes de stèles). Le blé pour la végétation, l’agriculture (Osiris), Isis étant aussi la semeuse. Deux vipères à tête dressée symbolisait la puissance sur le mal. (p. 102) En effet, la médecine-magie en Egypte devait combattre les morsures de serpents et de scorpions. (p. 139)
- Le poisson est le symbole d’Osiris (un oiseau et un poisson ont permis de retrouver les membres dispersés d’Osiris). D’ailleurs le papyrus du Louvre (période Ptolémaïque), relatant le drame d’Osiris, mentionne les deux poissons du Lac de Vie rapportés par Thot et Anubis (p. 135). Dans les "Textes des Sarcophages" et le "Livre des Morts", le défunt, dans l’au-delà, se transforme en poisson, afin de passer au travers de l’Abîme des Eaux qui le séparent de la demeure d’Osiris. Les formules magiques l’aident à combattre les Esprits-Pêcheurs pour éviter leurs filets. Le poisson est devenu un symbole chrétien dès le Ier siècle (« Ikthus » en grec qui donna « Ièsous »). Les Evangiles parlent aussi de deux poissons dans la multiplication des pains (Mat. 14/17, Marc 6/38, Luc 9/13, Jean 6/9), tout comme les papyrus mentionnent deux poissons dans le drame d’Osiris. Dans la plus ancienne représentation de l’eucharistie égyptienne visible dans les Catacombes, un poisson porte un panier de vin, un autre poisson, un panier de pains (p. 136). Au IIème s., le baptême de Jésus enfant (toujours représenté dans les Catacombes), est celui du rituel égyptien : un homme pêchant un poisson, et à droite un oiseau dans le ciel.
- La Trinité est d’origine égyptienne : « la triade osirienne » : le Père, la Mère, le Fils. C’était aussi la croyance des chrétiens gnostiques, mis à part que la Mère devenait « L’Esprit Saint » représentée sous forme d’un oiseau (une forme d’Isis). Au IIIème s. Origène rapporte un « agraphon » (du grec graphein : « écrire » avec le « a » privatif devant) dans lequel Jésus dit que sa Mère est l’Esprit Saint.
Je fais une parenthèse personnelle avec l’Evangile selon Thomas :
« Celui qui ne récuse son père et sa mère
comme moi
ne pourra se faire mon disciple.
Et celui qui n’aime son Père et sa Mère
comme moi
ne pourra se faire mon disciple
car ma mère m’a enfanté
mais ma Mère véritable m’a donné la Vie
(logion 101)
- Epiphane rapporte une coutume de la part des "collydiriens" qui offraient à la Vierge des petits gâteaux en forme d’animaux, coutume qui remonte aux égyptiens. Cette coutume persiste encore en Egypte de nos jours.
- On trouve la croix latine (un trait vertical plus long que le trait horizontal) ainsi que la croix de Malte (un signe "plus" + avec des boucles dans les quatre branches) dans le système hiéroglyphique. Elle symbolisait l’être humain ou « l’être ». Lorsqu’on posait cette croix sur un cœur, on obtenait un phonogramme à trois sons qui signifiait : « celui qui a du cœur, de la conscience, et qui est bon » : NeFeR. Osiris étant ainsi surnommé, on le représentait aussi avec un cœur surmonté d’une croix. (p. 133). Ce « Sacré-Cœur » est devenu le symbole de Jésus.
- La croix ansée (ankh) avec la voûte céleste symbolisée dans la courbe, signifiait la vie éternelle, l’être immortel. Elle est utilisée dans les décors des livres gnostiques (p.133) et a pénétré assez tôt dans le symbolisme de l’Egypte chrétienne. Les Coptes l’ont encore conservée aujourd’hui. Au IIème s. en Syrie, on adopte la croix en forme de X (croix de saint André) mais aussi la croix grecque (le symbole « plus ») et la croix latine dans les Catacombes. Ce n’est que lors de la paix établie par Constantin, au IVème s. que la croix devient un symbole chrétien en dehors de l’Egypte.
- La Pâque est une fête commune d’origine égyptienne, commémorant la mort et la résurrection d’Osiris (bière rousse pour son sang, pain sans levain pour sa chair – page 176). Elle est en vigueur dès le IIIème millénaire av. J.-C. « Fasekh » en égyptien, a donné « Faskha » en araméen, et « Paskha » en grec, qui a donné « Pâques » en français. (p. 183). Toute l’Egypte mangeait ce pain plat, y compris les Hébreux (p.189)
- Les Egyptiens sacrifiaient un porc (ou un sanglier noir), animal exécré, personnifiant l’assassin d’Osiris : Seth le Méchant (qui était de peau rousse, et non pas noire comme sa victime). Des rites égyptiens ont survécu chez divers peuples, notamment à Fez, où pour célébrer le culte d’Osiris lors du défilé d’Achoura, on représente un monstre en forme de serpent à visage d’homme nommé « Sat » (pour Seth). Page 184.
- Les Egyptiens, lors du culte adressé à Osiris, faisaient circuler au grand jour, une vache de bois creuse, recouverte d’or (« le veau d’or ») page 172.
Bon, je n’en suis qu’à la moitié du livre qui regorge de détails et de nombreuses notes en bas de chaque page… De plus, c’est un travail très fastidieux car c’est écrit en format « pattes de mouche »… Mais je pense qu’il s’avère largement suffisant pour comprendre que cette étude très fournie en indices qui, certes, pris isolément feraient peut-être sourire, mais contextualisés minutieusement, nous interrogent sérieusement sur les sources du christianisme…
Dans l’idéal, en prenant le temps nécessaire, j’aurais dû mentionner également tout ce qui concernait la religion musulmane et le prophète Muhammad (Mahomet), je préfère que nos amis musulmans consultent directement ce livre, s’ils sont intrigués par ces découvertes archéologiques, voire même qu’ils se réfèrent à la bibliographie de l’auteur, car ce dernier a écrit aussi des livres plus spécifiques sur le Coran et l’Islam.
La conclusion de l’auteur :
« Tout dans les Evangiles, jusqu’au schéma du récit de guérison, se montre foncièrement égyptien » (p. 144)
Allez, je ne résiste pas à vous confier la découverte de l’abbé Saunière. Savez-vous où est né Sarah, la fille de Jésus ? Celle qui avait une peau basanée et dont on trouve la statue dans l’Eglise des Saintes-Maries-de-la-mer…
Non ?
En Egypte…

Un lien au sujet de "Sarah la noire" :
http://www.marie-mad...stesMaries.html
Et un extrait d'un site Web : http://www.marie-mad...egyptienne.html
Marie l'Egyptienne, une Vierge Noire ?
Il existait autrefois à Orléans, une Vierge Noire appelée Notre-Dame des Miracles ou Sainte-Marie l'Egyptienne. La légende raconte que celle-ci, installée au centre de la ville depuis le Ve ou VIe siècle a fait fuir les assiégeant normands au IXe siècle. Elle aurait eu pour nom "sainte Marie l'Egyptienne" car elle aurait été honorée depuis le Ve siècle par une colonie syrienne installée à Orléans. Lorsque la Syrie devint musulmane au VIIIe siècle, les chrétiens récupérèrent cette statue en bois de couleur noire.
La statue fut brûlée au moment des guerres de religions en avril 1562, puis refaite en pierre noire.
Je vous laisse méditer sur tout ceci et tirer vos propres conclusions...

Modifié par le scribe, 17 mai 2006 - 20:29.